de ses méchantes actions d’autrefois ? Sans doute, Dieu aurait pu révéler cela à Moïse. Mais on sait qu’il ne l’a pas fait. La Synagogue rend témoignage qu’aucun des prophètes, sans même en excepter l’incomparable fils d’Amram, n’a obtenu la faveur de contempler la vie d’outre-tombe, pas plus dans le détail que dans l’ensemble de ses dispositions rémunératrices. Cette vue leur a été constamment refusée, suivant cette belle parole du Talmud : « Les prophètes, dans leurs prédictions du bonheur futur, n’ont jamais fait allusion qu’à l’époque messianique, car du monde à venir ils n’ont cessé de dire L’œil de Dieu seul peut l’inspecter et le contempler[1]. »
Il s’agit donc ici tout simplement d’examiner si c’est avec raison que la Bible a ainsi arrêté, au seuil de l’éternité, la curiosité des hommes les plus considérables, et si une religion n’a rien à perdre à laisser à peu près inconnu ce qui nous touche cependant de bien près comme regardant qui doit nous échoir au ciel jusqu’à l’infinie limite des siècles. Eh bien ! nous n’hésitons pas à affirmer que c’est justement un des caractères de véracité les mieux établis, un des bienfaits les plus signalés de la révélation sinaïque que ce soin de sa part de n’avoir point soulevé le voile de ce qui doit rester ignoré de l’homme, tant qu’il est sur la terre. Déjà ne confine-t-elle pas par là fort étroitement à la philosophie la plus sage ? Ce n’est point, certes, qu’elle ait besoin de recevoir de cette dernière quelque lustre, ni qu’elle ait jamais ambitionné une ressemblance plus ou moins marquée avec la raison pure dans sa manière de procéder, d’argumenter et d’enseigner. La révélation a son domaine à part, philosophie a le sien. Mais si, chemin faisant, il leur arrive de tomber d’accord sur un point,
- ↑ Sanhedrin, page 99.