Page:Simon Levy - Moïse, Jésus et Mahomet, Maisonneuve, 1887.djvu/219

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d’être celle des Saintes Écritures. Il y a des choses de l’esprit avec lesquelles il est aussi dangereux de jouer qu’avec le feu ; ce sont surtout celles concernant la mort et ce qui en est la conséquence, soit pour l’âme, soit pour le corps. On en arrive toujours à renchérir sur les premiers excès. Témoins les Kabbalistes qui racontent avec un profond sérieux que « lorsque l’homme, au moment de quitter le monde, vient à ouvrir les yeux, il aperçoit dans sa maison une lueur extraordinaire, et devant lui l’ange du Seigneur vêtu de lumière, le corps tout parsemé d’yeux, et tenant à la main une épée flamboyante ; qu’à cette vue, le mourant est saisi d’un frisson qui pénètre à la fois son esprit et son corps ; qu’alors son âme fuit successivement dans tous ses membres, comme un homme qui voudrait changer de place[1] ». Cela dépasse déjà de beaucoup les innocentes rêveries précédentes sur les plaisirs de la vie future et sur la manière dont les êtres célestes vont à la rencontre de l’âme, pour l’introduire dans celle des demeures de l’Enfer ou du Paradis qui sera la sienne.

Et pourtant, ce n’est encore là qu’une partie de ce que prétendent savoir les Kabbalistes. Selon eux, le plus terrible pour le mourant ne se trouve pas dans cette épouvante avec laquelle notre âme fuit devant l’ange de la mort. Ce qui suit le trépas est bien autrement effrayant ; car, voici ce qui arrive alors, et le juste comme le méchant sont obligés d’y passer. Cette nouvelle épreuve s’appelle le supplice, la question du tombeau : L’ange Doumah se place sur le sépulcre et applique au mort des coups violents. Les verges de feu, les chaînes de fer, la dislocation des membres, la rupture des ossements, sont » les instruments et les suites nécessaires de cette terrible

  1. Kabbale de M. Franch, pages 315 et 336.