Page:Simon Levy - Moïse, Jésus et Mahomet, Maisonneuve, 1887.djvu/220

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épreuve ; et ce qui en augmente certainement l’horreur, c’est que personne n’en est exempt. A peine les Kabbalistes veulent-ils octroyer, à quelques rares jours de l’année, le privilège de sauver de cet affreux jugement si l’inhumation y a eu lieu ; ce sont les jours de nouvelle lune et les après-midi des vendredis ![1] »

Il serait impossible d’énumérer tous les préjugés et les pratiques superstitieuses enfantés par ces opinions fantastiques qui ne manquèrent pas, à la suite des Kabbalistes, de s’accréditer chez la foule. Le vieux et avare nocher du Styx, l’inflexible Charon, n’a rien certes de plus farouche que l’ange Doumah dont il est ici question, et le passage de l’Achéron le cède-t-il de beaucoup en terreur à celui qui devait ainsi s’effectuer à travers la tombe ? Ajoutez à cela une dernière erreur, mais une erreur capitale, à laquelle a abouti, dans le système de la Kabbale, la recherche sur l’exacte condition qui nous est faite après la mort, et vous connaîtrez tous les points d’appui de cette mythologie qui, régnant dans la Palestine, à titre de superstition, au moment où parut le Christianisme, a été par lui accepté comme article de foi. Cette dernière et grave erreur, la voici telle qu’elle avait couru à cette époque sur les rives du Jourdain, et plus encore peut-être sur les bords du lac de Tibériade, dans cette Galilée, théâtre des premiers enseignements de Jésus : « Après la mort, les âmes des méchants deviennent autant de démons malicieux (Masikim) dont tout le plaisir est de mystifier les hommes et de leur faire du mal[2]. »

Admis par le Christianisme et plus tard popularisé par le Mahomėtisme, cet enseignement, qui n’en a jamais été un pour

  1. Kabbale, de M. Franck, ubi supra.
  2. Immortalité de l’âme, du Dr Brecher, page 161.