Page:Simon Levy - Moïse, Jésus et Mahomet, Maisonneuve, 1887.djvu/229

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dit « que l’état d’une âme dans la vie future ne doit être considéré que comme un progrès dans la connaissance et dans la science, et qu’au ciel les justes n’ont pas plus de repos que sur la terre ; qu’ils y passent sans cesse d’un effort à l’autre pour saisir plus intimement les perfections du Dieu qu’ils seront admis à contempler[1] ».

Maïmonide n’a pas une autre idée de la vie future que celle que nous venons d’esquisser. Pour lui aussi « la vraie béatitude consiste en des jouissances purement spirituelles, telles que l’explication des vues de Dieu et de ses œuvres, la plénitude du développement de la raison, les progrès de l’intelligence pénétrant dans l’essence de Dieu au même degré que les anges[2] ». Et l’on sait ce qu’est Maïmonide pour la Synagogue. Nous ne nous avancerions pas trop en disant qu’il en est devenu comme la principale colonne d’appui. La valeur de ses écrits, méconnue pendant quelque temps se trouve de nos jours estimée comme elle doit l’être. On a fini par comprendre combien ce génie supérieur a su lire à fond dans les Saintes-Écritures et actuellement on s’attache à ses paroles, je ne dirai pas comme à celles d’un oracle ou d’un prophète, mais comme à celles d’un maitre intelligent qui a su s’identifier avec la Bible. Si donc Maïmonide déclare « que la dernière félicité, le dernier but de l’homme est de s’approcher de l’auguste assemblée des anges ; qu’ainsi l’âme arrive à se reposer éternellement dans le sein de Dieu qui est le fondement de son être, c’est que, pour nous servir de son expression, c’est bien là le vrai, l’incomparable bonheur ». Et, continue Maïmonide « ce n’est pas seulement du Paradis qu’il faut soigneusement écarter toute idée de corps, de sens et de matière ; l’enfer aussi que l’on s’est si

  1. Voir le livre traduit par M. Isidore Cahen, page 101.
  2. Ib., page 132.