Page:Simon Levy - Moïse, Jésus et Mahomet, Maisonneuve, 1887.djvu/233

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Talmud, n’a jamais passé en action et a continué à demeurer ce qu’il était destiné à être dès l’abord, nous voulons dire, un pur langage imagé, et une figure sans réalité aucune.

Nous sommes donc bien convaincus que le Christianisme, malgré toutes ses blâmables facilités, n’a jamais songé à transporter la moindre idée matérielle dans le tableau des jouissances que la vie future tient en réserve pour les véritables justes. Son spiritualisme lui a été là-dessus du même secours qu’a été pour la doctrine israélite le spiritualisme de la Bible.

Que nous serions heureux d’en pouvoir dire autant des punitions qu’il place dans l’Enfer ! Mais on conçoit qu’il ne soit pas possible d’amender ici les choses, surtout après ce que nous avons vu au Christianisme enseigner publiquement du royaume du diable et de toutes les malignités dont il prétend que les milliers de démons qui peuplent l’enfer se plaisent à persécuter les hommes. La valeur et la portée littérale de tous ces enseignements ne sauraient être mises en doute, et celui qui étudie la théologie de l’Église se persuadera que tout est matériel dans l’Enfer qu’elle décrit avec la même rapidité qu’il mettra se convaincre de la complète immatérialité que possède son paradis. Il y a là une évidente contradiction, mais une contradiction que nous n’avons pas mission de lever.

Serait-ce de cette contradiction que le Mahométisme aurait eu peur, lui que nous allons voir transplanter dans la vie future tous les plaisirs corporels imaginables, comme pour faire contrepoids aux affreux tourments qui y sont réservés au vice et à l’impiété ? On le dirait presque, à considérer le soin qu’il apporte à présenter à ses croyants des tableaux, les uns plus sensuels et plus matériels que les autres, du Paradis et de l’Enfer. Tout dans celui-ci est sombre, effrayant, horrible ; tout dans celui-là est riant, frais, ravissant, d’une fraîcheur et d’un