Page:Simon Levy - Moïse, Jésus et Mahomet, Maisonneuve, 1887.djvu/234

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charme qui réjouissent encore plus le corps que l’âme. On voudrait interpréter spirituellement toutes ces peintures qui déparent tant la religion du Coran, qu’on en serait empêché par l’insistance que met Mahomet à matérialiser les récompenses de son Eden. On voit bien que c’est à dessein qu’il fait du monde à venir un séjour plein de félicités terrestres. Il avait affaire à un peuple grossier, chez qui la satisfaction des sens constituait tout l’objet de la vie, et qui ne savait trouver le bonheur que dans l’épanouissement et le triomphe facile des bas instincts de la nature humaine. Cela est peut-être changé aujourd’hui, mais tel a été le peuple primitif auquel il s’est adressé. Contrebalancer chez ce peuple la crainte des supplices de la Guéhenne par l’espoir des jouissances édéniques, lui rendre ces dernières aussi attrayantes que les premières étaient terribles à envisager, et chercher à gagner les cœurs ou à les tenir en respect par ce mélange, par cette pondération de frayeurs et d’espérances, ç’a été là le but évident des fondateurs de l’Islamisme.

Ce but, n’est-il pas écrit en toutes lettres dans les paroles suivantes ? « Ceux qui refusent de croire à mes signes, nous les approcherons du feu ardent. Aussitôt que leur peau sera consumée par le feu, nous les revêtirons d’une autre peau pour leur faire goûter le supplice. Ceux qui croiront et feront bien seront introduits dans les jardins arrosés de courants d’eau ; ils y demeureront éternellement ; ils y trouveront des femmes exemptes de toute souillure, ainsi que des ombrages délicieux[1] ». Et ces paroles-ci sont-elles moins significatives ? « Les Jardins de l’Eden aux vertueux ! Ils y entreront et s’y pareront de bracelets d’or et de perles ;

  1. Coran, chap. IV.