Page:Simon Levy - Moïse, Jésus et Mahomet, Maisonneuve, 1887.djvu/236

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atteint, et le paradis où il n’y a que l’âme qui soit appelée à être heureuse.

Reconnaissons-le, toutefois. Le Christianisme n’a pas toujours ainsi porté l’eau sur les deux épaules. Mais malheureusement, quand il est allé un jour résolûment jusqu’au bout de la voie, ç’a été pour se mettre en contradiction ouverte avec le Judaïsme. Le nouveau point dont nous voulons parler et le dernier aussi qui ait trait à la vie future, c’est celui concernant l’éternité ou la non-éternité des peines.

On connaît, à cet égard, l’opinion de la Synagogue. Cette opinion est devenue vulgaire. Il n’y a pas un croyant israélite qui ne sache que l’application des peines, suivant la doctrine juive, n’a qu’une durée de onze mois au bout desquels l’âme, quelles qu’aient été ses fautes, est censée les avoir expiées toutes et va goûter le repos éternel. C’est sur cette durée ainsi limitée. qu’a été réglée la récitation d’une certaine prière, le Kaddisch, que les orphelins doivent réciter dans la première année de deuil, à l’intention de leurs parents décédés et pour invoquer sur eux la miséricorde divine. De cette miséricorde, les docteurs juifs ont une si favorable idée, qu’ils prescrivent même de cesser la prière du Kaddisch un jour avant la fin des onze mois, supposant que déjà la clémence de Dieu a tout pardonné, tant ils étaient persuadés de la non-éternité des peines dans la vie future. Qu’on en juge encore par cette délicieuse allégorie : « Pourquoi Dieu a-t-il créé le Paradis et l’Enfer ? — Afin que l’un sauve de l’autre. — Et à quelle distance se trouvent-ils donc l’un de l’autre ? — Rabbi Jochanan croit qu’il y a entre eux l’épaisseur d’un mur, Rabbi Méir dit l’épaisseur d’une palme ; d’autres Rabbins prétendent l’épaisseur seulement d’un doigt. Et Rabbi Méir ajoute qu’il a obtenu par des prières que le grand coupable Elischa Ben Abouja, l’étrange