Page:Simon Levy - Moïse, Jésus et Mahomet, Maisonneuve, 1887.djvu/247

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

croyance acquise, enracinée dans les cœurs. Il le prend tel qu’il existe, lui prête une signification, le traduit en symbole. Donc, le peuple le connaissait déjà et en avait fait sincère profession de foi. Autrement, comment aurait-il entendu quelque chose à la comparaison du prophète ? De deux objets comparés, il faut bien que l’un soit entrevu clairement et avec une incontestable évidence, si l’autre doit recevoir de lui quelque clarté. L’ombre ne saurait projeter la lumière. La restauration prochaine de la nation juive, s’appuyant du dogme de la résurrection, suppose celui-ci hors de doute et depuis longtemps accrédité, sans quoi elle aurait pris pour appui un fragile roseau. Et ainsi nous concluons non seulement qu’il est certain que les Hébreux croyaient à la résurrection, puisque Ezéchiel l’avait prise pour symbole, mais qu’indubitablement ils avaient dû en faire de tout temps un de leurs importants articles de foi. Pour faire renaître l’espoir au cœur de ces malheureux exilés qui ne se consolaient pas d’être éloignés de Sion, le prophète s’empare d’une croyance populaire pour la symboliser, et, devant les ruines presque encore fumantes du Temple de Jérusalem, et au sein de la triste réalité d’un esclavage qui ne venait guère que de commencer, il trouve moyen de redonner du courage à tout un peuple désespéré de se voir abandonné de Dieu.

Mais il y a plus. S’il était vrai que les Hébreux n’eussent fait connaissance avec la croyance à la résurrection qu’après leur arrivée dans la Babylonie et la Perse, il faudrait que nulle part dans la Bible, il ne se trouvât trace de ce dogme avant le coup fatal porté à la Palestine par l’orgueilleux Nabuchodonosor. A tout le moins, faudrait-il que, durant les phases par lesquelles a passé le peuple israélite depuis Moïse jusqu’à cette malheureuse journée qui, en l’an 599 avant l’ère vulgaire, vit descendre le