Page:Simon Levy - Moïse, Jésus et Mahomet, Maisonneuve, 1887.djvu/248

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faible roi Joachim du trône de Jérusalem et marqua le triste départ des dix mille premiers captifs, on n’eût jamais prononcé aux oreilles des Hébreux le mot de résurrection. Et que dirait-on si nous établissions que Moïse lui-même l’avait déjà prononcé, et cela dans ce chant suprême, résumé de toute sa pensée sur le présent et sur l’avenir d’Israël que l’on a appelé avec raison le chant du cygne et qu’il a recommandé à la mémoire de tous, hommes, femmes, enfants, vieillards, esclaves et affranchis ? Et la chose est telle que nous la faisons entrevoir. Ouvrez ce chant admirable et, au milieu des plus belles considérations sur la justice divine, présenté dans un langage à la fois simple et sublime, vous entendez la voix même de Dieu s’écrier : « C’est moi, moi seul qui suis et nulle autre divinité ne se trouve à mes côtés ; je fais mourir et puis je rappelle à la vie[1]. »

« Faire mourir et puis ressusciter », une semblable locution placée dans un semblable discours, Dieu lui-même annonçant cette vérité comme il annonce la vérité de son existence et de son unité, n’était-ce pas assez pour donner à entendre que la vie serait un jour rendue aux morts dans les conditions identiques à celles où ils l’avaient possédée la première fois ? Une autre idée que celle de la résurrection pouvait-elle se trouver au fond de cette phrase prononcée si solennellement ? Si elle ne devait signifier que le fait ordinaire de la naissance et du décès, on ne l’aurait pas présentée avec autant d’apparat. Qui donc pouvait douter que le même Créateur qui donne la vie, n’eût aussi la puissance de l’ôter ? Mais ce qu’il fallait attester, ce qu’il fallait proclamer, c’était que cette puissance était telle, qu’elle pouvait faire sortir de la tombe celui qu’elle y avait précipité, comme une première fois elle l’avait appelé du néant

  1. Deut., chap. XXXII, v. 39.