Page:Simon Levy - Moïse, Jésus et Mahomet, Maisonneuve, 1887.djvu/253

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Seigneur, ne prend-on pas l’assurance que l’idée de la résurrection et, par elle, la foi au Jugement dernier, était vivace au fond des consciences ! N’était-ce pas, parce qu’on y croyait encore, comme on croyait encore à tout quelque peu malgré l’impiété générale, et parce qu’on y avait autrefois sincèrement cru en Israël, que la menace du Jugement dernier a pu être évoquée comme elle le fut alors ?

Mais l’ancienneté tout à fait biblique du dogme de la résurrection ressort aussi des discours prononcés par le prophète Isaïe. Il faut voir avec quel plaisir ce prophète aime à s’arrêter sur la venue future de ce « jour-là[1], ainsi qu’il le nomme, du jour où retentira la grande trompette, où la lune rougira, où le soleil se voilera devant le majestueux éclat avec lequel Dieu Zébaoth paraîtra sur la montagne de Sion et sur Jérusalem pour y régner à jamais ; de ce jour où Dieu passera en revue l’année des cieux dans le ciel, les rois de la terre sur la terre, pour rendre à ces derniers selon ce qu’ils auront mérité… C’est alors que le globe s’ébranlera sur ses bases, qu’il chancellera comme fait un homme ivre, comme une cabane exposée aux vents déchaînés. Ce sera le moment de la Visitation, après que tous les grands de la terre auront été rassemblés comme on rassemble des prisonniers pour les enfermer dans une fosse verrouillée sur leurs têtes… On pourra alors s’écrier : Que sont devenus tous ces maîtres ? Des cadavres qui ne reviendront plus à la vie, des ombres qui ne reprendront plus de consistance. Car à peine, Seigneur, les aura-tu rappelés à l’existence que promptement tu les fera périr de nouveau, et cette fois ils seront bien anéantis, jusqu’à leur dernier soupir. Mais quant à vous,

  1. Isaïe, chap. XXVII.