Page:Simon Levy - Moïse, Jésus et Mahomet, Maisonneuve, 1887.djvu/265

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barbarie, qui n’existait plus pour eux, que de l’idolâtrie où ils étaient encore plongés. L’erreur sur Dieu enfantait seule chez eux l’erreur dans la vie morale. La civilisation, une civilisation relative si l’on veut, ne leur faisait nullement défaut. Les fausses divinités qu’ils continuaient à adorer constituaient l’unique source de leurs vices. Il n’y avait donc qu’une chose à tenter pour corriger leurs mœurs repréhensibles, c’était de leur prêcher le vrai Dieu en y rattachant la vraie morale. Le Christianisme a en effet entrepris cette tâche. Reste à savoir comment il y a réussi. C’est ce que nous allons désormais examiner en ayant toujours soin de tenir la morale juive en tête de la ligne de comparaison. Puisque nous connaissons maintenant les dogmes du Christianisme, il nous sera aisé de faire voir si, tels qu’il les a proclamés et enseignés, ils peuvent servir de principes à une bonne morale. Il ne nous importera plus tant de savoir si telle ou telle règle de morale se trouve inscrite dans les Évangiles, que d’apprécier si elle a le droit de s’y trouver à côté de points de doctrine qui sont avec elle en évidente contradiction. Ayant eu la Bible sous les yeux, il était facile au Christianisme de faire passer dans son code religieux des prescriptions admirables qu’il n’avait qu’à prendre la peine de copier ; mais cela ne suffit pas. Il est encore nécessaire de se rendre compte de la naturelle facilité avec laquelle de semblables prescriptions doivent toujours découler des croyances dogmatiques une fois érigées en système.

Et qu’on ne vienne pas nous opposer tout de suite une fin de non-recevoir, en nous montrant le degré de moralité où sont arrivées aujourd’hui les sociétés chrétiennes qui, depuis dix-huit siècles, tiennent cependant fortement aux dogmes promulgués par leur religion. Si c’était de là qu’on voulut tirer une présomption favorable à l’accord du dogme avec la pratique du