Page:Simon Levy - Moïse, Jésus et Mahomet, Maisonneuve, 1887.djvu/275

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l’Égypte, semble dire Moïse au peuple, ne ressemble à aucune de ces mille divinités que vous avez vu adorées dans le pays d’où vous êtes sortis. Votre Dieu à vous est saint. Gardez-vous de le blasphémer en mêlant son nom aux égarements de votre raison et de vos sentiments. Ne prodiguez pas vainement ce nom. Sachez qu’en parlant de Dieu, vous devez toujours le faire avec une crainte respectueuse, parce que vous parlez de votre Créateur[1], de votre Maître, du Maître à nous tous, du Maître le plus excellent et le plus parfait.

Et qu’est-ce que prononcer en vain le nom de l’Éternel ? C’est, disent les Rabbins, ou réciter une bénédiction superflue[2], ou affirmer, en jurant, une chose qui n’a jamais été mise en doute. « Jurer que deux sont deux, c’est faire un serment coupable, car c’est supposer que la vérité absolue peut être mise en doute ; c’est, par suite, offenser Dieu qui est le principe de toute vérité[3], »

Combien plus coupable est alors le faux serment ! A le bien considérer, il est même un crime que fait le parjure. Il déclare croire que l’œil de Dieu pénètre au fond des cœurs, et il affirme au même instant le contraire de ses propres pensées. Il acclame publiquement la vérité et il en fait aussitôt le manteau de ses mensonges. Il confesse l’existence d’une justice divine, et, au même moment, il trompe son prochain sous la foi d’un faux serment ; c’est-à-dire, qu’il nie Dieu en présence de Dieu même. Il ose le prendre à témoin des ignominies qu’il commet. Quel jeu que celui-là ! A quelle dégradation morale ne faut-il pas déjà être descendu pour oser tenter une semblable énormité ? « La dent des animaux malfaisants est ordinairement la punition du parjure et de la profanation du saint nom de

  1. Exode, chap. XX, v. 11.
  2. Talmud, traité Berachot, pages 33 et 35.
  3. Talmud Jérusalem, traité Schebouoth, page 12.