Aller au contenu

Page:Simon Levy - Moïse, Jésus et Mahomet, Maisonneuve, 1887.djvu/296

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dans la bouche méme d’Abraham une prière contenant une complète profession de foi du Mouslim. Cependant, tout entier encore à son zèle pour la cause du Dieu un, il aurait voulu détacher les Arabes de ce temple où de nombreuses statues avaient été élevées à de fausses divinités. Il redoutait avec raison de laisser ainsi subsister dans les cours un dernier levain d’idolâtrie. Il essaya en conséquence de tourner leurs yeux vers Jérusalem[1]. Ce fut après cet acte important de sa part, que l’on vit quelques Juifs s’attacher à ses pas, mais Mahomet ne put réussir à faire de Sion le lieu de l’adoration commune de l’Être suprême. Une grande agitation qui eut lieu lui fit comprendre qu’il serait prudent de rendre à la ville de La Mecque et à son temple leurs titres de métropoles. Et alors il ne se contenta plus seulement de rendre aux Arabes leur Ka’aba et leur Kéblah avec tout le cérémonial des prières et des génuflexions d’autrefois, il permit encore de faire le tour des deux collines qui se trouvaient aux environs de La Mecque, et qui n’avaient absolument d’autre titre à de pieux pèlerinages que celui d’avoir vu se célébrer auparavant sur leur sommet un culte d’idoles[2]. Voudrait-on après cela que le culte public du Mahométisme fût pur de tout alliage avec des cérémonies polythéistes et qu’il ne se rencontrât chez lui aucun élément qui, recherché dans sa source première, ne trahît une origine quelque peu suspecte, et ne fût capable d’entretenir, au moins dans l’esprit de la foule, certaines idées superstitieuses ?

Ainsi identiquement du Christianisme. S’il est vrai qu’il ait laissé subsister quelques pratiques religieuses trop chères à la gentilité pour avoir pu lui être arrachées, n’y a-t-il point là comme un continuel danger de voir refleurir quelque vieille

  1. Cet acte de tourner les yeux vers un temple au moment de la prière s’appelle dans le Coran : Kéblah.
  2. Voir pour ces détails Coran, ch. II, v. 109 à 154.