œuvres de la Loi, n’aurait-il pas toléré chez eux un reste d’attachement pour des pratiques religieuses qu’ils tenaient de leurs pères ? Ne suffisait-il pas, dans sa pensée, que l’on eût foi en Jésus, pour qu’aussitôt tout se sanctifiât, excepté pourtant, comme il dit, les actes de violence, de fourberie. d’injustice et d’immoralité ? Que prétendait, en somme, la nouvelle religion ? Détacher les païens de l’idolâtrie et les gagner à Dieu. Noble but, s’il en fut jamais, mais en vue duquel, parce qu’on a voulu l’atteindre trop promptement, on n’a quelquefois pas été assez attentif aux moyens à employer. Déjà, pour le dogme, nous avons vu le Christianisme concéder la grande erreur du Logos ou Verbe de Dieu. Que ne dut-on pas concéder lorsqu’il était simplement question de pratiques extérieures ! Là, il n’y avait plus autant à craindre de se compromettre. Il ne s’agissait que de donner un nouveau sens à ces pratiques, de répandre sur elles un autre vernis religieux pour leur ôter ce qu’elles avaient de sacrilège par suite de leur origine.
Mahomet, du moins, ne se fait pas faute de convenir qu’il en a agi de la sorte dans plus d’une circonstance. Quand il vint prêcher sa fameuse théorie du Mouslim (résignation à la volonté de Dieu), il sentit tout de suite le besoin de la rattacher aux traditions qui avaient cours dans le pays, de temps immémorial. Et, comme les Arabes, au sein même de l’idolâtrie avaient conservé la table de leur généalogie qu’ils faisaient remonter par Ismaël à Abraham, ils prétendaient que le patriarche avait édifié de ses propres mains, avec le concours de son fils, un temple qui se trouvait à La Mecque et qui portait le nom de Ka’aba. Ce temple avait toujours été le centre de leur culte, et il était d’usage antique d’en faire sept fois le tour lorsqu’on venait en pèlerinage pour y adorer des idoles. Le premier soin de Mahomet fut donc, non pas tant de conserver cet usage, que de placer