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Page:Simon Levy - Moïse, Jésus et Mahomet, Maisonneuve, 1887.djvu/298

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l’importation directe d’une pratique païenne dont on aurait dû se défier à cause des mauvais fruits, des fruits empoisonnés qu’elle avait portés.

Peut-être le catholicisme qui continue à tenir à cette pratique, s’imagine-t-il pouvoir en conjurer les coupables effets et en pallier le caractère évidemment sacrilège, en prétendant ne l’employer qu’à entretenir les sentiments religieux dans les cœurs trop froids pour se complaire dans une adoration toute directe des perfections divines. Cependant le Protestantisme a, depuis son avènement qui date de plusieurs siècles déjà, abandonné ce moyen purement factice d’excitation à la piété, et ses temples ne sont pas plus délaissés pour cela, ni ses fidèles moins fervents que les plus zélés des catholiques.

Quoi qu’il en soit, la doctrine israélite a le droit de protester contre un semblable abus, pour ne pas l’appeler d’un autre nom, qui constitue une violation flagrante du deuxième des dix Commandements. Dans ce Commandement il est expressément défendu de proposer l’adoration d’aucune image à la crédulité publique, et l’Église, en tolérant et en encourageant même cette adoration, brise ouvertement avec l’esprit répandu dans la Bible. Elle est infidèle à sa mère qui n’aurait jamais transigé sur ce point. C’est là une de ces condescendances auxquelles le Judaïsme n’aurait pas voulu souscrire au prix des plus beaux triomphes. Nous avons déjà dit combien il est ennemi de tout compromis avec ce qui ne lui paraît pas être la vérité. Dans l’espèce, c’eût été pire qu’un compromis, c’eût été une défection.

Il n’y a donc pas à se faire illusion sur le danger qui existe à conserver dans le culte public de la foi unitaire une ou plusieurs pratiques d’origine douteuse ou de signification obscure et ambiguë. Le Pentateuque, dès son apparition, a jugé urgent de