Page:Simon Levy - Moïse, Jésus et Mahomet, Maisonneuve, 1887.djvu/304

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y invite formellement en nous fixant le dernier moment favorable à l’obtention de notre pardon[1]. Tout Israélite doit ainsi se livrer à la pénitence pendant les dix premiers jours de l’année religieuse et consacrer spécialement le dixième à un jeûne complet[2].

Mais remarquez comme le Judaïsme a hâte de chasser de notre esprit ces tristes et sombres pensées de mort si capables de troubler notre repos, et de rendre amères nos plus légitimes et nos plus innocentes joies. A peine laisse-t-il s’écouler cinq jours, que déjà il nous convie à une réjouissance, à une fête, celle des Tentes ou de la récolte. Cette fête encore a pour but de retremper notre confiance en Dieu, et particulièrement de nous rappeler les soins providentiels dont il avait daigné entourer nos ancêtres durant leur pénible pérégrination à travers d’arides déserts ; de nous dire, comment il avait fait jaillir pour eux de l’eau d’un rocher, comment il leur avait établi des tentes pour les abriter contre les rayons d’un soleil brûlant ; comment, semblable au bon berger, il les avait conduits en les portant dans ses bras et sur ses épaules. Et quand Israël aura remercié le Seigneur du passé, il viendra, dans une sainte allégresse, lui chanter encore des louanges et lui adresser des actions de grâces pour les bienfaits présents qu’il ne manque jamais de dispenser régulièrement à la création tout entière. Car ce sont en même temps des fêtes de la nature que les fêtes israélites. Quand l’arbre, s’affaissant sous le poids de ses fruits, les aura laissé tomber à terre à l’approche de l’automne ; quand la vigne, pressurée par la main de l’homme, aura prodigué son jus avec libéralité ; quand les prairies se seront dépouillées de leur verdure, et que les champs auront

  1. Lévitique, chap. XXIII, v. 33.
  2. Lévitique, chap. XXIII, v. 33.