Page:Simon Levy - Moïse, Jésus et Mahomet, Maisonneuve, 1887.djvu/305

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fini de donner à l’homme leurs riches produits, alors la religion juive ordonne de venir témoigner à Dieu de la reconnaissance. Et dans la crainte qu’à l’exemple du roi Ezéchias, en contemplant l’abondance de nos caves et celle de nos greniers, un sentiment d’orgueil ne s’introduise dans nos cœurs, elle veut que nous habitions durant sept jours sous des tentes fragiles[1], afin de nous rappeler notre dépendance vis-à-vis de Dieu au milieu de la plus brillante prospérité.

« L’homme, dit ailleurs l’Écriture Sainte[2], ne vit pas seulement de pain, mais encore de la parole du Seigneur. » Nous devons en conséquence nous souvenir au sein de nos fêtes des soins paternels dont Dieu entoure encore aujourd’hui, sur la terre, ceux qui y ont été placés par sa sagesse créatrice, et savoir que, lorsque la bénédiction du ciel se répand sur nous et nous élève, par les richesses qu’elle nous donne, au-dessus de nos semblables, ce n’est point pour que nous nous en fassions un titre de gloire, et que nous nous laissions aveugler, au point de mépriser, de dédaigner ceux que la fortune ne favorise pas autant que nous. Au commencement de la fête des Tentes, dit le Pentateuque, l’humble saule qui croît au bord de la rivière et une branche de ce palmier qui s’élance si majestueusement vers les cieux, doivent se trouver réunis dans vos mains[3]. Avec eux, vous paraîtrez devant l’Éternel pour témoigner de votre estime et de votre amour pour tout ce que le Créateur a daigné appeler à l’existence, et comme pour proclamer que grand et petit, faible et fort, riche et pauvre ont à ses yeux, ainsi qu’aux vôtres, un droit égal à être respectés, à être protégés, à être soutenus.

Quel caractère vraiment sacré ne s’attache donc pas à toutes

  1. Lévitique, chap. XXIII, v. 42.
  2. Deut., chap VIII. v. 3.
  3. Lévitique, chap. XXIII, v. 40.