Page:Simon Levy - Moïse, Jésus et Mahomet, Maisonneuve, 1887.djvu/311

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Ah ! nous comprenons que l’incrédule ne trouve rien qui justifie à ses yeux cette effusion d’une ardente piété. Lui, dont les sentiments se sont engourdis au souffle glacé de la plus froide indifférence, comment se convaincrait-il de la nécessité de la prière Sait-il seulement ce que c’est que prier ? N’ayant jamais éprouvé ces vives émotions dont nous fait palpiter l’amour de Dieu, il s’imagine que nous ne tournons notre regard vers le ciel que pour demander l’accomplissement de nos vœux et de nos désirs, la réussite de nos entreprises, le succès de nos démarches. Il ne peut se faire à l’idée de nous voir le plus souvent nous incliner devant lui dans nul autre but que dans celui de lui présenter l’hommage de notre admiration. Non pas que nous croyions qu’il ne soit pas permis d’exposer à Dieu ses besoins de tous les jours, et même d’implorer sa protection spéciale pour un intérêt personnel ou en faveur de quelqu’un qui nous est cher. Le Judaïsme n’a jamais mis en doute l’efficacité de la prière ; il l’affirme hautement ; il la proclame en nous représentant Abraham qui intercède pour les malheureuses villes de Sodome et de Gomorrhe, et Dieu qui est disposé à se laisser fléchir par la prière du saint patriarche ; il la proclame quand il nous montre Isaac obtenant par une fervente prière que sa femme Rebecca lui donnât de la postérité, Jacob demandant et recevant de Dieu le pain quotidien et le bonheur de revoir la maison paternelle, Eliézer sollicitant et obtenant la grâce d’être guidé par Dieu dans un pays étranger où il était allé chercher l’épouse destinée à son jeune maître, Ezecchias sauvé d’une mort prédite et dont il avait demandé à Dieu d’être préservé dans une bien fervente prière, Moïse enfin, arrêtant tant et tant de fois le bras vengeur de Dieu prêt à s’appesantir sur un peuple désobéissant et toujours rebelle.

Tous ces faits, attestés par l’histoire, ne prouvent-ils pas que