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Page:Simon Levy - Moïse, Jésus et Mahomet, Maisonneuve, 1887.djvu/312

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Dieu se plaît à écouter nos supplications ? Quant à savoir comment ces supplications peuvent agir sur un Être immuable, dont la volonté se détermine par des motifs éternellement sages et vrais, nous confessons volontiers notre ignorance sur ce point. Nous serons toujours prêts à répondre à ces sortes de questions, ce que nous avons déjà répondu concernant le problème posé à propos de la manière dont Dieu est en communication avec le monde le fait existe ; l’expérience et la conscience l’attestent. Que la raison comprenne ou non, peu importe ! Serait-ce parce que la raison est impuissante à comprendre, que nous devrions imposer silence à l’expérience et à la conscience ?

Toutefois, il faut signaler, dans les enseignements du Judaïsme, une nuance propre à jeter un peu de lumière sur ce délicat problème de l’efficacité de la prière. Un des plus beaux chapitres du livre de Job commence par ces mots : « N’est-il pas vrai ? l’homme n’apporte aucun profit à Dieu. Que sert notre justice au Tout-Puissant ? Quel intérêt peut-il avoir à nous voir marcher dans l’intégrité ? Si nous revenons à lui en chassant le péché de nos demeures, si nous faisons de lui le constant objet de nos joies et que nous l’invoquions dans nos prières, alors il nous exaucera et nous fera prospérer dans nos entreprises[1]. »

Dieu, par ces paroles, est placé beaucoup trop au-dessus de l’homme, pour qu’il nous vienne seulement à l’idée de croire que nos prières aient le pouvoir de modifier ses volontés et de lui faire changer de résolution. Mais voici ce qui a lieu. Que veut Dieu de toute éternité, que peut-il vouloir ? Que l’homme ne trouble point l’ordre établi. C’est à cette condition que les

  1. Job, chap. XXII.