Page:Simon Levy - Moïse, Jésus et Mahomet, Maisonneuve, 1887.djvu/316

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dans votre sein le feu de la discorde ! Rompez d’abord tout pacte avec l’impiété, brisez le joug des passions, rendez libres ceux que vous opprimez, partagez votre pain avec le pauvre, ouvrez-lui les portes de vos demeures et donnez-lui des vêtements pour se couvrir. Alors votre bonheur éclora comme l’aurore, vous guérirez de vos maux, car Dieu aura exaucé vos prières[1].

Le Talmud ne comprend pas autrement la prière. Il ne cesse de la recommander, parce qu’il sait ce que l’homme a à gagner à ce commerce intime et fréquent avec Dieu, à cet entretien de tous les jours si doux et si fécond pour qui en comprend la nature et l’importance. « Que l’homme, enseigne-t-il, purifie son cœur avant de prier ; qu’il chasse toute pensée mondaine, toute préoccupation capable de le distraire. Qu’il soit tout entier à Dieu. Ainsi faisaient les pieux d’autrefois ; ils s’isolaient pour mieux se préparer à la prière, et ne s’y livraient qu’après une sérieuse méditation et un profond recueillement[2]. »

Ce n’est donc pas seulement dans les moments critiques et pénibles de la vie qu’il faut avoir recours à la prière. Elle est un devoir journalier. Il n’est pas de trop de se recueillir chaque matin avant que les soins des affaires n’envahissent votre esprit ; de vouer à Dieu un sentiment de reconnaissance pour le passé ; de lui demander la confiance et la persévérance pour l’avenir, la résignation dans la mauvaise fortune, la piété et la modestie dans la prospérité ; de payer un tribut de louanges à sa gloire et à sa magnificence, et d’y puiser dans de sérieuses réflexions sur les immuables lois de la morale dont il est le principe

  1. Isaïe, chap. LVIII, v. 3 à 10, et chap. I, v. 10 à 14. Voir aussi Jérémie, chap. VI, v. 16 à 21 et Zacharie, chap. VII, v. 9 à 13.
  2. Midrasch Rabbah sur l’E., chap. XXII, Berachoth, p. XXX, avec Mischnah, chap. V, v. 1.