Page:Simon Levy - Moïse, Jésus et Mahomet, Maisonneuve, 1887.djvu/327

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tions que nous avons déjà eu l’occasion de toucher sur plus d’un point. Qu’il nous suffise de savoir, et ce peu de mots doit avoir servi à l’établir, qu’il est nécessaire que nous soyons en contact avec le monde extérieur. La Sagesse créatrice l’a ainsi ordonné ; elle a voulu, par des motifs qui échappent à l’intelligence humaine, que les sens nous fussent indispensables pour arriver à la connaissance des meilleurs principes, et que tous les traits lumineux déposés en nous et qui sont les vrais témoignages de l’excellence de notre origine, eussent besoin des organes du corps pour paraître et se produire. Elle a voulu enfin apprendre à l’homme à ne mépriser aucun des dons qu’elle lui a faits, et c’est pourquoi elle a uni l’âme au corps de telle façon, que la première ne put se perfectionner sans l’aide du second et qu’elle dut s’appuyer sur lui pour arriver plus sûrement à sa fin.

Ne savons-nous pas effectivement qu’une santé débile affaiblit l’esprit, et l’arrête dans sa marche vers le progrès ? Qui de nous n’a déjà éprouvé cet accablement, cette lassitude qu’engendre la souffrance physique ? Me voici disposé à écrire. Je suis tout à mon sujet ; rien ne me distrait. Mes idées sont claires, abondantes et se pressent en foule sous ma plume. Tout à coup mon sang reflue vers la tête ; il bat violemment dans mes tempes. Adieu, toutes mes idées ; une douleur inopinée est venue les paralyser. C’est en vain que je fais des efforts pour me retrouver ; tout est trouble et obscurité en moi. J’ai perdu à la fois mes réflexions et le fil de mon sujet.

Ainsi, il a suffi d’une soudaine agitation physique, d’une souffrance passagère pour paralyser l’activité de mon esprit. Il n’y a qu’un instant ma pensée s’élevait jusqu’au ciel, elle habitait avec Dieu et avait oublié qu’elle fût logée dans un corps. Maintenant elle est obligée de descendre de la hauteur où elle