Page:Simon Levy - Moïse, Jésus et Mahomet, Maisonneuve, 1887.djvu/342

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Je veux que tu observes chaque semaine le Schabbat en souvenir de l’acte par lequel j’ai appelé le monde à l’existence ; sache surtout que, pour bien célébrer ce repos hebdomadaire, il te faut t’être livré à un travail sérieux et continu, pendant les six jours de la semaine[1] ; ce Dieu, on voudrait qu’il eût élevé à la hauteur d’une loi un pur principe de malédiction, et de plus, qu’il se fût assujetti un instant personnellement à cette loi ainsi maudite à son origine, pour en inculquer plus efficacement la pratique aux hommes ! Non, non ! Dans cette simple parole : « Tu travailleras pendant six jours », parole répétée dans les deux décalogues, se trouve pour nous tout le côté élevé et béni du travail. L’homme, invité à imiter Dieu par le travail, l’homme appelé à être sur la terre ce que Dieu est au ciel, nous voulons dire, créateur, producteur, inventeur dans une sphère sans doute étroite, misérable même, si l’on veut, par rapport à celle où se meut le souverain Créateur, mais toutefois noble à cause de la libre activité qui s’y déploie, l’homme considéré de cette façon, quoi de plus beau, quoi de plus grand, quoi de plus majestueux et imposant !

Nous pourrions ici essayer de dire tous les bienfaits qui résultent du travail. Les aperçus ne nous manqueraient pas, pour le présenter dans cet heureux jour sous lequel il apparait successivement comme consolateur des ennuis et des déceptions de la vie, comme conservateur de la santé du corps et de celle de l’âme, comme redresseur infaillible de tous les abus, défauts et vices et notamment du vice de la paresse, « le plus funeste, le » plus mortel que l’homme puisse contracter[2] ».

Mais pour notre thèse, nous n’avons pas besoin d’aller jusqu’à emprunter à la poésie ses riches et belles couleurs, à

  1. Ex., chap. XXIII. v. 12.
  2. Voir la sentence de Rabbi Tarfon, dans Aboth de Rabbi Nathan, chap. XI.