Page:Simon Levy - Moïse, Jésus et Mahomet, Maisonneuve, 1887.djvu/341

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aucune marque de mouvement, occupent le dernier échelon. Ce ne sont même plus là des êtres, ce sont des choses. Au contraire, dès qu’ils sortent de cet état d’inertie complet, ils gagnent tout de suite à nos yeux comme une sorte de caractère, une attention qui ne leur était pas accordée auparavant. Tant il est vrai de dire que la noblesse de l’homme trouve un de ses éléments constitutifs dans l’activité. Cela étant, la loi du travail ne peut nous apparaître que comme un des plus grands bienfaits dont Dieu ait pu nous gratifier. Elle est une bénédiction et non une malédiction ; elle élève, elle sanctifie l’homme qui, par elle, se rapproche du Créateur. De quoi le Créateur donne-t-il le plus fréquent exemple ? N’est-ce pas du travail ? La philosophie voit Dieu toujours agissant ; elle ne peut se figurer autrement l’intelligence suprême que dans une constante activité. La religion, à son tour, vient parler d’un Dieu qui a travaillé pendant six jours et si elle ajoute qu’il s’est reposé le septième, c’est afin de témoigner de l’accomplissement des desseins de Dieu concernant l’organisation de l’Univers. Proprement ce n’est point Dieu, c’est la création qui s’est reposée le septième jour. Tourmentée et violemment agitée jusqu’après l’établissement définitif des lois qui devaient la régir, la création put enfin prendre son assiette lorsqu’avec la formation de l’homme tout fut terminé.

Quoi qu’il en soit de l’interprétation qu’on veut donner au mot biblique de « Schabbath » repos, il n’en reste pas moins avéré que c’est la glorification du travail qui ressort du récit génésiaque. Ce Dieu qui se montre occupé pendant six jours et se repose seulement à l’achèvement du travail entrepris ; ce Dieu qui vient ensuite fonder sur un exemple donné par lui-même, une des plus imposantes institutions dont il veuille doter le peuple hébreu, celle du Schabbath ; qui dit à ce peuple :