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Page:Simon Levy - Moïse, Jésus et Mahomet, Maisonneuve, 1887.djvu/344

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travail la loi première de l’homme ! Israël éloigné de sa chère patrie, en butte aux exactions et aux vexations d’un ennemi souvent intraitable, réduit plusieurs fois dans un même siècle à la dernière misère, a dû nécessairement avoir plus que jamais recours au travail. Dépouillé de tout, c’était toujours par le travail qu’il pouvait tout reconquérir. L’activité et le sentiment religieux, c’étaient, on le pressent, les deux seules ressources qui lui restaient après l’orage des persécutions religieuses. Comment il a usé de l’une et de l’autre, sa position actuelle, celle qu’il a su se faire après tant et tant de naufrages, est là pour le dire. Ce que nous ajouterons seulement, c’est que la Synagogue, autour de laquelle il se tenait toujours uni, n’a jamais négligé de lui présenter ces deux choses, comme les plus indispensables à sa conservation. L’amour de la Loi et celui du travail sont les deux pivots sur lesquels les docteurs juifs font rouler toute la vie israélite : « Une même alliance, disent-ils, a servi à les consacrer tous deux. Quand Dieu donna la Loi, il prit à témoin le ciel et la terre, que les Hébreux avaient mission de l’accepter, cette Loi, de la garder et de la défendre au péril de leurs jours. De même pour le travail. Ici, Dieu s’est proposé personnellement en exemple. Il a demandé qu’on travaillât toute la semaine afin de jouir dignement du repos sabbatique institué en souvenir de la création[1]. » Et ils ajoutent : « Israël ne s’appelle véritablement le peuple de Dieu que lorsqu’il travaille de toutes les puissances, lorsqu’il met en activité toutes les facultés du corps et de l’âme[2]. » Capacité scientifique, disposition pour les arts et l’industrie, aptitude pour l’agriculture, application sérieuse à d’autres genres de travaux moins relevés, mais non moins utiles, enfin

  1. Aboth de Rabbi Nathan, chap. XI.
  2. Aboth de Rabbi Nathan, chap. XI.