Page:Simon Levy - Moïse, Jésus et Mahomet, Maisonneuve, 1887.djvu/345

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instruction et éducation pour répandre sur le tout un agréable parfum, tous ces moyens, tous ces ressorts doivent être mis en jeu par lui, s’il veut prétendre à posséder Dieu. « La Schechinah ou majesté divine ne descend sur Israël que quand l’amour du travail brûle dans son cœur[1]. » Il n’est le peuple élu que lorsqu’il est le peuple travailleur, disposé à tout entreprendre à diriger le soc de la charrue, comme à manier le fusil sur le champ de bataille, à tenir la plume avec la même adresse, la même fermeté qu’il ferait de l’épée de combat, à se saisir de la palette pour peindre un tableau en véritable artiste comme de la bêche pour faire fructifier un terrain, à battre le fer sur l’enclume comme à aiguiser son esprit dans les luttes de la pensée, à purifier l’or de son écume comme à faire passer l’erreur au creuset de la vérité ; enfin, ne dédaignant rien, supportant tout, toujours résigné, mais prêt aussi pour la résistance et la lutte et ne craignant pas plus de se fatiguer le corps par le plus rude travail manuel, que de se rider le front par les nombreux soucis que donne la noble ambition de conquérir une place distinguée dans la société par toutes sortes de qualités intellectuelles et morales.

Et qui ne sait qu’Israël a toujours offert et offre encore maintenant le spectacle de tant d’efforts déployés tous à la fois ? Habitant la Palestine, il la cultive et en sait faire sortir des richesses qu’aucun des peuples n’a plus su en tirer après lui. Descendant captif à Babylone, il arrive bientôt à s’y poser plutôt en vainqueur qu’en vaincu. Il force les rois à s’agenouiller devant l’autorité d’un Daniel, et leur fait prodiguer leurs faveurs aux Ezra et aux Néhémies : Déporté en Égypte, on l’y voit, sous le règne des Ptolémées, avoir la garde des forteresses les

  1. Aboth de Rabbi Nathan, chap. XI.