Page:Simon Levy - Moïse, Jésus et Mahomet, Maisonneuve, 1887.djvu/35

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un Moïse, pour devenir un jour les moyens de salut du genre humain.

Assurément, le Christianisme et le Mahométisme ont opéré dans le monde de superbes changements ; d’autres, non moins brillants, s’opéreront encore soit par leur concours direct, soit seulement sous leurs regards et pendant qu’ils posséderont l’empire des âmes ; car la parole de Dieu est infaillible, les promesses de la Bible s’accompliront nécessairement. Aujourd’hui, c’est l’unité du genre humain qui triomphe, c’est la justice, le droit, la liberté pour tous qui vient s’asseoir au foyer des nations ; demain, ce sera l’unité de Dieu qui reparaîtra dans sa simplicité, dans sa pureté première, et qui chassera au-devant de ses pas les derniers restes du Paganisme ; et puis encore arriveront les grandes transformations politiques et sociales qui étendront le cercle des relations de peuple à peuple et effaceront bien des lignes, bien des divisions territoriales, pour établir de vastes nationalités au sein desquelles les citoyens vivront paisibles, heureux, sous l’égide de lois tutélaires ; puis enfin viendra l’ère de paix universelle si fréquemment, si positivement et si clairement annoncée par les prophètes, où tous les hommes, réunis sous un même sceptre et invoquant le même Dieu, n’auront plus de haine les uns pour les autres, et où les guerres auront à jamais fui devant le règne de l’amour des humains entre eux.

Mais toutes ces transformations, qu’elles se fassent au nom du Christianisme ou au nom du Mahométisme, sont, pour nous servir des expressions de Guizot mais appliquées au Judaïsme, sont le fait juif par excellence. C’est le Judaïsme qui les a prédites, qui en a préparé de loin l’avènement par la proclamation de principes d’où elles ne pouvaient manquer de sortir, comme une fleur sort de sa tige.