Page:Simon Levy - Moïse, Jésus et Mahomet, Maisonneuve, 1887.djvu/36

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Que les deux religions qui se partagent actuellement et depuis un certain nombre de siècles déjà l’Orient et l’Occident, aient joué, au milieu de ces transformations, un rôle plus actif et plus direct que le Judaïsme, qui est partout en minorité, cela se peut, cela est même très vrai. Nous n’en sommes nullement jaloux ; au contraire, nous nous en glorifions personnellement en notre qualité d’Israélites, et nous aimons à mettre en relief, tout comme le font les Chrétiens et les Musulmans, les prodigieuses améliorations que le sentiment religieux bien compris et ramené vers Dieu a produites, tant dans la vie morale que dans la vie matérielle des peuples. Car, au fait, que sont les deux nouvelles religions ? Deux branches sorties de l’antique tronc de Jacob ; deux avant-coureurs de l’époque messianique ; deux apôtres envoyés pour la préparer, l’un dans le Levant, l’autre dans le Couchant et jusque dans les contrées du Nouveau-Monde.

Pour que le Judaïsme pût sortir des murs de Jérusalem et s’étendre au loin dans des pays encore barbares et adonnés à l’idolâtrie, il était nécessaire qu’il vint deux apôtres dont l’un concédât quelque chose aux idées et l’autre aux mœurs des divers peuples qui étaient appelés à recevoir la vérité du Sinaï, mais ne pouvaient encore en soutenir l’éclat, en comprendre le caractère élevé, ni la pratiquer dans ses règles si austères.

A part ces concessions, qu’est-ce que le Christianisme et le Mahométisme ont offert de plus que les dogmes et les principes de morale révélés autrefois à Moïse ? Idée d’un Dieu incréé, infini, saint, parfait, bon, juste, vengeur du crime et prenant plaisir à récompenser la vertu ; doctrine de l’unité du genre humain ; croyance à l’immortalité de l’âme et à l’existence d’une vie et d’une rémunération futures ; enfin, solution du grand problème de la destinée humaine, voilà sur quoi roulent