Page:Simon Levy - Moïse, Jésus et Mahomet, Maisonneuve, 1887.djvu/358

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inconnu ; il n’y entre pas pour noyer dans un instant de joyeuse vie les chagrins et les fatigues de toute une semaine de durs labeurs. C’est aux douces émotions du foyer domestique qu’il demande de préférence un allègement à ses peines ; c’est à côté de sa femme et de ses enfants qu’il vient se délasser. Ils sont pour lui comme l’eau vive qui rafraîchit le voyageur altéré ; c’est au sein de cette amitié de famille qu’il va puiser à la fin de chaque semaine un nouveau courage pour traverser la semaine suivante.

C’est qu’il faut le dire : l’Israélite se rappelle volontiers ce que ses guides spirituels ne cessent de lui prêcher, à savoir que le sentiment de la valeur personnelle est pour l’homme en général et pour le travailleur en particulier, le plus fécond des sentiments, celui sans lequel on court toujours grand risque de s’égarer loin de la route de l’honneur et du devoir. D’autre part, il a eu souvent l’occasion de recueillir sur les lèvres des docteurs de la Synagogue cette vérité dont il aime à se souvenir : « Que Dieu affectionne spécialement ceux qui ne s’adonnent ni au jeu ni à la boisson[1]. » Enfin il a entendu le Divin chantre des Psaumes lui répéter sur tous les tons de sa harpe mélodieuse que le devoir essentiel de l’homme envers lui-même est de veiller à la conservation de sa dignité[2].

Nous demandera-t-on encore après tout cela de montrer que le Judaïsme regarde comme un crime capital, l’attentat que l’on porte à sa liberté physique en se vendant comme esclave ? Ce serait nous demander de revenir sur ce que nous avons déjà dit dans la première partie de ce travail, concernant l’esclavage au point de vue de la Bible. Il nous semble que c’est de preuves irréfragables que nous nous sommes appuyés, pour établir

  1. Talmud, traité Pesachim, p. 113, et Mischnah Sabbath, chap. XXIII, v. 2.
  2. Voir notamment Psaumes, chap. XXXII, v. 9.