que la doctrine juive considère plutôt l’esclavage comme une domesticité à gage que comme une servitude. Du moins nous paraît-elle avoir employé tous les moyens, pour rendre telle une institution condamnable, qui avait alors poussé de trop profondes racines pour pouvoir être supprimée tout d’un coup. C’est à cet effet que nous lui avons vu recommander si vivement et si fréquemment la douceur et l’humanité envers les malheureux esclaves. Nous trouvons une nouvelle et évidente marque de cette tendance chez elle dans ces paroles où, après. avoir permis au pauvre d’aliéner temporairement sa liberté, on ajoute « Mais que ton frère qui s’est ainsi vendu soit chez toi comme serait l’ouvrier et l’étranger, et il te servira jusqu’à l’année du Jubilé. On pourra le racheter avant ; c’est même » un devoir pour son oncle, ou le fils de son oncle, ou quelqu’un de ses parents ou des membres de sa famille de le racheter. Dans tous les cas, tu ne lui seras pas un maître rigoureux, ni toi ni aucun de ceux chez lesquels il se sera engagé. Car les enfants d’Israël sont à moi ; ils m’appartiennent, ce sont mes serviteurs que j’ai tirés du pays d’Égypte, moi l’Éternel votre Dieu[1]. »
Jusque même dans cette permission péniblement octroyée de tendre volontairement le cou au joug de la servitude, se lit la recommandation biblique de veiller à sa dignité d’homme. N’est-ce pas comme si Dieu avait dit : 11 vaut encore mieux te faire le serviteur des besoins de ton prochain, que d’accepter l’aumône de sa main ; c’est encore être noble et grand que de savoir se soutenir de ses propres forces ; pour tout au monde ne te méprise pas toi-même. Et les rabbins disent d’une manière formelle « Non, il n’y a rien d’aussi funeste que de ne plus
- ↑ Lévitique, chap. XXV. v. 39 et suivants.