chrétien et musulman par excellence, sont-ils bien de nature à relever le double sentiment de la liberté et du respect de soi-même ? Loin de là, et nous avons déjà dit ce que ces deux dogmes renferment de germes funestes.
Eh bien ! mettez ces diverses causes ensemble, et vous comprendrez comment il est arrivé que, malgré les beaux préceptes de morale individuelle que Jésus et Mahomet ont transportés de la Synagogue dans l’Église et la Mosquée, ils n’aient pas pu faire valoir aux yeux de leurs fidèles le prix de la valeur personnelle de chaque homme au même point qu’ont dû le faire les docteurs juifs. L’édifice manquait de base. On voulait bâtir sur le sable mouvant, commencer la construction par le faîte. Ce à quoi il eût fallu d’abord s’attacher, c’était de prendre l’idée biblique de la dignité humaine, et de montrer comment elle passe depuis des siècles et passera éternellement d’Adam sur celle de ses descendants, sans se trouver jamais entachée, ni diminuée, ni amoindrie par aucune atteinte de péché originel.
Vous comprendrez encore comment les moments même qui ont marqué le plus complet triomphe du Christianisme, aient été précisément ceux où, par l’institution de la féodalité, la dignité humaine se soit trouvée si fortement attaquée et compromise, tandis qu’au contraire, les époques d’ardente foi dans le Judaïsme, ont toujours été des époques de guerre d’indépendance et d’affranchissement de toute servitude, qu’elle fût nationale ou étrangère. La raison en est, qu’Israël revenant à l’obéissance de la Loi, reprenait tout de suite le sentiment de sa valeur personnelle, une des premières choses que le Pentateuque essaie de lui inspirer au lieu que, plus on se pénétrait de la foi chrétienne, plus il fallait se persuader de son peu de valeur et des mille imperfections dont on est entaché par suite du péché de nos premiers parents. Certes, ce n’est pas un