Page:Simon Levy - Moïse, Jésus et Mahomet, Maisonneuve, 1887.djvu/365

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des hommes sur lesquels le ciel énervant de l’Orient n’a eu aucune influence, des hommes qui ont su se garantir de cette mollesse qui charme tant le Musulman, des hommes que la liberté a toujours vus accourir sur les lieux où elle soutenait la lutte contre la tyrannie. L’influence du climat était contrebalancée par celle des sentiments religieux. A leur faveur avait pris naissance, chez le peuple hébreu, cet amour du travail et ce zèle industrieux que l’on n’est plus habitué à rencontrer aujourd’hui chez ceux qui lui ont succédé sur la terre de la Palestine, sans professer ses principes religieux. Ajoutons, pour terminer, que si, ailleurs, dans d’autres contrées, par exemple dans toutes celles de l’Europe, le sentiment de la dignité personnelle tend à reprendre son empire malgré l’existence des dogmes que nous croyons peu favorables à son développement, c’est que les vérités de la Bible sont plus universellement répandues. Actuellement, il est manifeste que le Christianisme laisse dans les constitutions nouvelles des peuples, moins de son fonds à lui, que du fonds commun emprunté à la Bible telle que l’interprète le Judaïsme. La dignité native de l’homme ou ses droits naturels, si on veut les appeler ainsi, sont plutôt affirmés par la Synagogue que par l’Église, en sorte que la première se trouve véritablement en tête des États qui se régénèrent, tandis que la seconde est plus souvent en guerre ou peu d’accord avec ces mêmes États. C’est l’esprit de la Bible qui souffle aujourd’hui sur les nations sans qu’elles le sachent. Et si le Christianisme, enchainé par le dogme, ne peut pas toujours favoriser l’expansion de cet esprit, du moins a-t-il la gloire d’avoir préparé déjà le tiers du genre humain à en être visité. C’est avoir aidé à faire une bonne partie de la tâche autant que pouvait le lui permettre ce qu’il a sucé de bon du Judaïsme. A ce dernier, l’achèvement de l’œuvre, puis-