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Page:Simon Levy - Moïse, Jésus et Mahomet, Maisonneuve, 1887.djvu/381

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ration de ses devoirs : « Tu ne tueras pas, tu ne commettras point d’adultère, tu ne déroberas point, tu ne diras pas de faux témoignages. Honore ton père et ta mère, et tu aimeras ton prochain comme toi-même[1]. » Si avec cela Jésus n’avait pas doctrinalement enseigné son trop fameux « Hors de l’Église point de salut » ; s’il n’avait pas dit si cruellement : « Celui qui n’est pas pour moi est contre moi », la parole du Pentateuque aurait continué à revêtir sa plus généreuse extension. Mais le moyen d’aimer ceux que Dieu damnera éternellement ? Et comment étendre logiquement la charité à ceux que l’on désigne « pour être pieds et poings liés, jetés dans la géhenne du feu ? » Le Judaïsme qui n’a pas de ces exclusions religieuses a pu, autrement que le Christianisme, élargir la parole de Moïse : « Aime ton prochain comme toi-même. »

Néanmoins, ç’a été le grand mérite de Jésus, d’avoir su prendre la charité pour base de sa morale et persuader aux hommes que rien n’équivaut à la douce inclination, avec laquelle on s’abandonne à des sentiments de bienveillance et de générosité vis-à-vis de son semblable. Mais ce que nous prétendons, c’est que, même cette étincelle, en tant qu’il l’a laissé briller de son plus pur éclat, malgré d’évidentes contradictions dogmatiques, il ne l’a pas tirée de son propre fonds ; qu’au contraire, elle a jailli du Judaïsme, son foyer primitif.

La preuve de cela, nous la trouvons de suite dans un verset des Évangiles. Que répond, selon Mathieu, ce même jeune homme auquel on vient de détailler quelques principes de morale ; il dit : « J’ai observé toutes ces choses dans ma jeunesse, que me manque-t-il encore[2] ? » Jésus ne lui avait donc rien appris de nouveau !

  1. Mathieu, chap. XIX, v. 18.
  2. Mathieu, chap. XIX, v. 20.