sérieuse connaissance grammaticale, que la non moins célèbre Berouria, femme de Rabbi Méir, a soumises à un Sadducéen, en cherchant à l’embarrasser sur l’interprétation d’un verset d’Isaïe[1]. Ces deux femmes ayant possédé une certaine science religieuse, qui nous dit que toutes les autres ou du moins beaucoup d’autres en Israël ne cherchaient pas constamment à l’acquérir avec l’entière approbation des chefs de la Synagogue ? Nous pouvons même citer deux paroles qui témoignent de l’obligation formelle imposée au père d’instruire sa fille dans l’étude de la Loi. L’une de ces paroles a été prononcée par la voix si autorisée de Ben Azaï. « Chacun est tenu d’instruire sa fille dans la science de la Loi divine[2]. » L’autre assertion émane du grand Maimonide : « Certes, la femme a du mérite de s’instruire[3]. » Si elle en a du mérite, le père est tenu de la mettre à même de se l’attirer. Et vraiment, quand on a commencé par reconnaître à la femme, comme l’a fait la doctrine juive[4], la même origine, la même destinée et les mêmes droits qu’à l’homme, il serait singulier qu’on cherchât ensuite à la rapetisser, à borner son horizon, à couper les ailes à son intelligence par laquelle, dans sa sphère spéciale, elle sait si bien éclairer l’esprit de ses enfants et les élever les uns après les autres à la connaissance de Dieu. Non, non ! celle qui surtout a à prêcher par l’exemple, celle qui, par son naturel distingué, sait ennoblir le cœur de tant de jeunes êtres commis à sa garde, à sa sollicitude maternelle, on ne saurait lui dénier le droit d’orner son esprit de toutes sortes de belles connaissances. Car s’il est vrai que ces connaissances donnent la rectitude au jugement, de l’honneur au sentiment, et de hautes et vertueuses aspirations à l’âme, comment les refuser à la femme qui, pour
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