Page:Simon Levy - Moïse, Jésus et Mahomet, Maisonneuve, 1887.djvu/409

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contre l’autorité de Dieu qui est celle même de l’éternelle justice.

Mais ce ne sont là, pour la plupart, que des devoirs négatifs à remplir envers la patrie. Le Judaïsme n’a cependant pas que ceux-là à recommander. Il invite encore les citoyens d’un même État, à concourir activement à son bien-être, à sa gloire morale comme à sa prospérité matérielle. Or, l’État n’est pas un être qui se pose devant nous, détaché de tout le reste, ayant ses intérêts à part, ses ambitions à part, ses aspirations à part. Par lui-même, il n’est absolument rien ; c’est une personne fictive, purement nominale. Ce qui le fait être et exister, c’est la somme des habitants qui sont venus se serrer autour de lui et se placer sous sa tutelle. Son bonheur résulte donc directement du leur ; leur grandeur c’est la sienne ; quand ils vivent en paix entre eux, il est en paix aussi ; quand leur niveau intellectuel s’élève, le sien s’exhausse pareillement ; il souffre de leurs souffrances ; il s’abaisse au degré de moralité où ils descendent ; en un mot, il y a bien plus qu’échange entre eux et lui : il y a la relation du principe à la conséquence, du germe au fruit. Les citoyens sont le principe, l’État la conséquence ; si le principe est mauvais, que peut être la conséquence ; si le germe est gâté, que sera le fruit ?

Travailler à la prospérité de la Patrie, cela revient donc à dire s’efforcer d’amener la prospérité des citoyens. Et si ces derniers remplissent bien les obligations qu’ils se doivent mutuellement, avec quelle rapidité ne s’établira pas le bonheur de l’État ! Quelles majestueuses proportions ne prendra pas la grandeur nationale ! A quel point de dignité et d’influence morale et politique ne parviendra pas la patrie ! Mais quelles sont au juste ces obligations, selon le Judaïsme ? Il serait fastidieux de les énumérer une à une. Contentons-nous d’en déve-