Page:Simon Levy - Moïse, Jésus et Mahomet, Maisonneuve, 1887.djvu/416

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enfreignait la défense de manger du sang[1]. C’est une sorte d’épouvante qu’on voulait donner au peuple juif à la vue du sang, afin de le préserver à jamais de ces mœurs cruelles et sanguinaires dans lesquelles s’étaient toujours complues les farouches peuplades de l’antiquité.

Respecter le corps de notre prochain dans la liberté de ses mouvements quand rien ne nécessite de le charger de chaînes, le laisser tranquillement, sainement se développer et se transporter où il lui plaît, chaque fois qu’il n’y a pas force majeure de l’arrêter et de lui mettre des entraves, ce sont là les devoirs qui résultent de droits positifs. Mais n’y en a-t-il pas d’autres encore qui ne se fondent sur aucun droit, et qui n’en sont pas moins moralement obligatoires ? Si ; il y a d’abord le devoir qui commande de couvrir le corps de notre prochain, quand nous le voyons dans un état de nudité qui l’expose à souffrir des rigueurs de la froide saison. Il y a ensuite le devoir qui nous oblige de lui donner à manger quand il a faim, à boire quand il a soif. Puis vient le devoir qui nous ordonne de lui prodiguer nos soins en cas de maladie, de le protéger en cas de danger, de l’assister, de le soutenir, en cas de faiblesse et de chute. Vient enfin le devoir qui prescrit de lui donner la sépulture après que la vie l’a abandonné. Ce sont autant d’actes d’humanité que nul, à vrai dire, n’est en droit de réclamer de nous, mais que nous ne devons pas moins accomplir avec empressement lorsque l’occasion nous y sollicite. Ce qui doit nous servir en toute occasion d’exemple pour nous guider et nous faire agir, c’est Dieu même. « Dieu ne relève-t-il pas ceux qui sont tombés ; n’aide-t-il pas à se redresser à ceux qui sont courbés ; n’habille-t-il pas ceux qui sont nus ; ne visite-t-il

  1. Deut., chap. XII.