Page:Simon Levy - Moïse, Jésus et Mahomet, Maisonneuve, 1887.djvu/417

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pas les malades ; n’ensevelit-il pas les morts ? Son serviteur Abraham étant malade, il lui envoie trois anges pour le réconforter ; son prophète Moïse va mourir, il s’occupe de sa sépulture. Dieu est miséricordieux ; soyons-le de même ; il est plein de pitié ; soyons donc pleins de pitié[1]. »

Et pourquoi ne pas nous efforcer de faire éclore en nous ces tendres sentiments ? N’aimerions-nous pas qu’on nous les témoignât, si nous nous trouvions nous-mêmes dans l’infortune ou dans la douleur ? « Je veux t’enseigner un principe général, dit Maïmonide ; il est ordonné dans le Pentateuque, de prêter appui et secours à celui qu’on rencontre sur la route essayant en vain de relever son âne tombé sous la charge ; voici la règle qui découle de ce commandement : chaque fois que tu voudrais que l’on te secourût toi-même si pareil accident t’arrivait, tu dois te hâter aussi de voler au secours de ton voisin. Ce n’est pas par voie de réciprocité que tu dois agir de la sorte, mais parce que tu dois aimer ton prochain comme tu t’aimes toi-même. Un prince d’Israël ne peut pas plus que toi se soustraire à cette obligation[2]. »

Pour passer du corps à l’âme, avons-nous besoin d’une transition bien ménagée ? N’est-ce pas la partie spirituelle qui constitue la véritable personne humaine ? Voyons donc ce que nous devons à cette noble portion qui fait être notre prochain véritablement ce qu’il est vis-à-vis de nous : une créature pouvant se prévaloir des droits que nous avons à respecter, si nous ne voulons pas encourir les rigueurs ou le blame de la justice éternelle. Nous nous garderons bien de revenir sur ce que nous avons déjà dit à cet égard dans le chapitre où nous avons traité de la dignité humaine. Nous ne

  1. Talmud, traité Sotah, page 14.
  2. Iad Hachsaka Heilchath Rozéach Uschmirasch Nefesch, chap. XIII.