rien à tenter, à entreprendre en faveur du concitoyen. En premier lieu. l’instruire ; en second lieu, le suivre dans les essais qu’il fait pour surmonter les difficultés de la vie, l’encourager alors, lui servir de mentor s’il le faut, l’avertir à temps des dangers qu’il court, et lui offrir une main amie, ferme en même temps que solide ; en dernier lieu, enfin, partager ses douleurs, le consoler dans ses afflictions, le soulager dans sa misère, que peut-on faire davantage ? Toute la charité n’est-elle pas épuisée et peut-elle aller plus loin ?
Mais, dit la doctrine juive, une qualité essentielle qu’il faut posséder pour exercer de cette façon la charité, c’est la modestie. La fierté et l’orgueil nous poussent ordinairement à dédaigner nos semblables, et à mépriser presque les pauvres et les malheureux. Aussi Dieu ne peut-il supporter l’homme orgueilleux qui est un attentat vivant contre la majesté divine. Car, voyez l’énorme différence, disent les Rabbins : « Voyez la différence qui se trouve entre Dieu et l’homme orgueilleux ! Dieu qui est élevé au-dessus de tout, se plaît à s’occuper de ceux qui sont au-dessous de lui, tandis que l’orgueilleux se drape volontiers dans sa fierté et regarde à peine celui qui se traîne misérablement à ses pieds[1]. » « Aussi Dieu gémit-il sur l’homme orgueilleux[2] » ; « il ne saurait l’inspirer de son esprit qui ne descend que sur l’homme modeste[3] » ; « enfin, l’orgueilleux n’est rien moins qu’un idolâtre, un rénégat, un constructeur d’autels impurs[4]. » L’amour vrai pour le prochain a pour compagne inséparable la modestie. Cette vertu était celle de Moïse, celle de tous les prophètes, de ces prophètes qui ont tout entrepris et tout osé, pour ainsi dire, par charité pour leurs semblables[5].