sa famille le pain de la misère. Et cet argent, prête-le lui sans intêrêt en numéraire, ni intérêt en nature. Que dois-tu désirer ? De lui faciliter sa pénible existence. Eh bien ! ne le rançonne pas tout en ayant l’air de lui rendre service. »
« Fût-ce ainsi que Dieu agit avec toi quand il te retira du pays d’Égypte, et qu’il te mena au pays de Canaan pour t’y établir et t’y constituer en nation grande, glorieuse, redoutée et respectée[1] ? Sois donc pour ton compatriote pauvre ce que Dieu a été pour toi : plus qu’un consolateur, un libérateur ; allège-lui le fardeau de l’indigence et même, s’il se peut, brise ce joug de dessus son cou. T’a-t-il donné son manteau en gage, rends-le lui au coucher du soleil : il en a peut-être besoin pour se garantir des fraîcheurs de la nuit. Si tu l’emploies en qualité de journalier, ne profite pas de sa dépendance à ton égard pour lui diminuer son salaire ; paye-le toujours intégralement et de suite à l’achèvement de son travail ; tu sais qu’il est pauvre, craintif et timide ; il pourrait donc intérieurement t’accuser devant Dieu, et un grand péché reposerait ainsi sur ta tête[2]. »
Les Rabbins essaient de pénétrer encore plus avant dans l’esprit d’une charité bien comprise. Rabbi Isaac enseigne : « Celui qui fait l’aumône aux pauvres reçoit six bénédictions et celui qui lui donne une bonne parole en reçoit onze. Celui qui veut faire l’aumône, Dieu lui en fait toujours trouver le moyen pratique ; il lui fera même trouver, ajoute Rabbi Nachmann, des pauvres qui méritent réellement de recevoir ce qu’il donne, et qui feront à son intention des prières qui seront autant de bénédictions pour sa famille, car, en récompense d’une charité noblement pratiquée, on a des enfants