Page:Simon Levy - Moïse, Jésus et Mahomet, Maisonneuve, 1887.djvu/432

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tu rencontres le bœuf de ton ennemi ou son âne égaré, ramène-les lui[1] Ne te propose jamais de payer en retour le mal que l’on te fait ; sois confiant en Dieu ; il sera ton protecteur et ton défenseur[2].

» Lorsque ton ennemi est devant toi pour se décharger de ce qui lui pèse trop, et que ton ami réclame, d’un autre côté, ton secours pour prendre une charge sur les épaules, commence par aider ton ennemi[3]. Si on t’afflige ne songe pas à affliger, si on t’offense ne réponds pas ; supporte tout avec calme ; c’est alors que tu seras compté au nombre de ceux dont il est dit que leur éclat ressemble à celui du soleil levant[4]. »

Telle fut la vertu de Job, et c’est pourquoi il a pu se rendre le témoignage suivant : « Non, je ne me suis jamais réjoui du malheur de mon plus cruel ennemi ; l’infortune qui s’est abattue sur lui n’a point fait tressaillir mon cœur de contentement et de satisfaction. Un semblable sentiment n’a jamais pénétré dans mon âme ; constamment j’ai défendu à ma bouche de s’exprimer mal sur le compte de mon ennemi ou de le maudire dans son existence[5]. Et le Talmud rapporte : « Un jour Mar Oukba envoya faire savoir à Rabbi Éléazar qu’il avait le moyen de livrer à la justice pour les faire châtier des ennemis qui sans cesse le poursuivaient et s’acharnaient sur lui. N’en fais rien, lui fit répondre le doux Rabbi, car souviens-toi de ce qu’a dit David : J’ai constamment mis un frein à ma bouche pour empêcher ma langue d’accuser mon adversaire[6]. Mar Oukba obéit, mais il n’en fut pas moins toujours persécuté et tourmenté par ses ennemis. De nouveau

  1. Exode, chap. XXIII, v. 4 et 5.
  2. Proverbes, chap. XX, v. 22.
  3. Talmud, traité Baba Méziah, page 32.
  4. Traité Guittin, page 36 et traité Iomah, page 23.
  5. Job, chap. XXXI, v. 29 et 30.
  6. Psaumes, chap. XXXIX, v. 2.