Page:Simon Levy - Moïse, Jésus et Mahomet, Maisonneuve, 1887.djvu/44

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

distinguait de ceux des autres peuples en ce qu’il est un pur esprit, et qu’il ne peut être ni personnifié ni représenté par une image quelconque ? Cette grandeur, cette sagesse, cette puissance incomparable du Dieu des patriarches, ne les avait-on pas déjà vues éclater en Égypte, sur les bords de la mer Rouge et au pied du Sinaï, et toutefois le veau d’or avait été fabriqué, et cela, comme dit le texte, pour représenter le Créateur aux yeux du peuple[1] !

La matérialité possible de l’Éternel, voilà donc quelle était l’erreur fondamentale, le germe de corruption qui demeurait toujours au fond du cœur des premiers Hébreux.

Aussi fut-ce cette même erreur que Moïse chercha à combattre chez eux avec le plus de persistance. Il comprit, cet homme incomparable dont l’intelligence s’était illuminée à la brillante flamme du buisson de l’Horeb et qui s’inspirait à une source de sagesse à laquelle il ne fut et ne sera jamais donné à aucun autre de s’inspirer, il comprit que le fécond dogme de l’Unité de Dieu, si souvent perdu et retrouvé, ne s’établirait définitivement sur la terre que si on parvenait à l’asseoir sur sa véritable base : l’immatérialité du Créateur. Et c’est à inculquer aux Hébreux cette dernière vérité que nous le voyons tour à tour déployer sa sévère autorité et les ressources de son éloquence persuasive : « Soyez bien sur vos gardes, leur dit-il, car vous n’avez vu aucune figure le jour où Dieu vous parla sur l’Horeb, du milieu du feu. Craignez de vous laisser corrompre et d’aller jusqu’à vous faire des idoles ou des représentations de toutes figures ou d’images d’hommes et de femmes, des images d’aucun animal qui vit sur la terre, des images d’aucun oiseau qui vole dans l’air, des images d’aucun reptile qui rampe sur

  1. Exode, chap. XXXII, v. 4.