cœur le moindre ressentiment contre le prochain. Si donc tu as offensé ce dernier, va d’abord te remettre avec lui et ensuite tu feras ta prière à Dieu pour qu’il te pardonne ta propre faute. » Est-ce Jésus qui parle ainsi ? Non, c’est une antique Mischnah[1] que dans toutes les Académies de la Palestine on savait par cœur à son époque. Mahomet aussi recommande le pardon des offenses. Il dit : « Celui qui pardonne et se réconcilie avec son adversaire, Dieu lui devra une récompense[2]. »
Mais au moins il ne prétend par là rien ajouter de nouveau à ce que le Judaïsme avait enseigné. Et c’est tout ce que nous demandons aux fondateurs des deux nouvelles religions de reconnaître, pour leur reconnaître, à notre tour, le mérite d’avoir su prêcher une bonne et saine morale chaque fois qu’ils se sont inspirés des leçons et des exemples de leur commune mère.
Ils enseignent encore tous deux que c’est un devoir d’humanité de rendre le bien pour le mal. Nous avons montré plus haut ce que la doctrine juive pense à cet égard en traitant de l’ami et de l’ennemi, du compatriote et de l’étranger, du coreligionnaire et du dissident[3]. Mahomet se borne de nouveau à parler de ce beau devoir d’humanité sans revendiquer pour son enseignement ni primauté ni supériorité[4]. Jésus, au contraire, répète encore ici sa phrase favorite… Mais moi je vous dis « Faites du bien à ceux qui vous haïssent[5] » Il nous faut donc aussi redire ici de nouveau : « Et le Judaisme a-t-il jamais recommandé autre chose ? » Voyons encore ce que ces tout premiers écrivains après Moïse ont dit sous ce rapport :