Page:Simon Levy - Moïse, Jésus et Mahomet, Maisonneuve, 1887.djvu/452

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le mérite de deux femmes juives qui avaient eu la pieuse habitude de prier pour les pécheurs ! L’une de ces femmes était l’épouse de Rabbi Méir. « Dans le voisinage de ce docteur habitaient quelques vauriens qui le scandalisaient fort par leurs impiétés, à tel point que dans un accès de colère contre eux il demanda à Dieu de les faire mourir. Berouria, sa femme, entendant cela, lui dit : « N’est-il pas écrit au livre des Psaumes, que les péchés disparaissent et les pécheurs n’existeront plus ? Tu as bien lu : Les péchés et non les pécheurs ! Prie donc pour que ces derniers s’améliorent, cela vaut mieux que de demander à Dieu de les frapper. Et c’est ce que fit Rabbi Méir avec succès[1]. »

L’autre femme vantée par le Talmud est l’épouse d’Abba Hilkia, lui-même petit-fils du célèbre Honi, dont les prières, en vue d’obtenir la pluie du ciel, étaient tant réputées pour leur constante efficacité. « Un jour pourtant il arriva que la prière de ce fameux Honi demeura sans résultat, tandis que celle de la femme de son petit-fils fut exaucée. Et les Rabbins de rechercher naturellement le motif d’une faveur si exceptionnelle et si spéciale. C’est, disent les uns, parce que l’épouse d’Abba Hilkia fait l’aumône en nature, ce qui vaut mieux que de la faire en argent, par la raison que le pauvre reçoit ainsi de quoi se nourrir sans prendre la peine de l’acheter. Non, répliquent les autres, c’est parce qu’elle a l’habitude de prier en faveur des pécheurs pour qu’ils reviennent au bien et à leur devoir[2]. »

Aimer les hommes, quelque bas que soit le degré ou d’impiété ou d’immoralité où ils sont tombés, le Judaïsme a su prêcher une morale semblable. Nous ne voulons nullement dire que le

  1. Traité Berachoth, p. 10.
  2. Talmud, traité Taanith, p. 23.