Page:Simon Levy - Moïse, Jésus et Mahomet, Maisonneuve, 1887.djvu/457

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dans l’Humanité, et ce qui la fait avancer chaque jour d’un peu plus vers son but. Et qui oserait nier que le Judaïsme ne se soit précisément efforcé de prêcher en tout temps et de la façon la plus remarquable et ces vérités et ces conditions ? Écoutez encore comment il apostrophe ceux qui méconnaissent le sentiment de la responsabilité : « Malheur à vous, pasteurs d’Israël qui vous paissez vous-mêmes, au lieu de faire paître mon troupeau. Vous mangez la graisse, vous vous revêtez de la laine, vous immolez les grasses brebis, et vous ne menez pas paitre le troupeau. Vous n’avez point fortifié les brebis faibles, vous n’avez point cherché à guérir les brebis malades, vous n’avez point bandé celles qui étaient blessées, vous n’avez point ramené les brebis égarées ni cherché celles qui étaient perdues, mais vous les avez conduites avec égoïsme et dureté ; et elles se sont dispersées faute de bons bergers, et elles sont devenues la proie des animaux féroces. C’est pourquoi je leur demanderai compte de mon troupeau et j’arracherai de leurs mains la houlette du pasteur ![1] »

Tel le Judaïsme parlait du temps des prophètes aux égoïstes qui ne vivaient que pour eux-mêmes, pour la satisfaction de leurs penchants déréglés et qui ne craignaient pas de scandaliser ceux que l’on avait confiés à leurs soins et à leur garde.

Voici, pour terminer, comment il s’est exprimé un peu plus tard par la bouche des Rabbins : « Qu’est-ce que perdre le sentiment de la responsabilité et se rendre coupable du péché de scandale ? C’est faire rougir ses amis par la réputation d’égoïste que l’on se fait en se montrant dur, froid, sec, insensible vis-à-vis de son semblable. Il faut que chacun, par ses manières affables et polies, douces, généreuses et chari-

  1. Ezéchiel, ch, XXXIV, v. 2 et suivants.