Page:Simon Levy - Moïse, Jésus et Mahomet, Maisonneuve, 1887.djvu/458

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tables, fasse chérir le nom de Dieu, ainsi que l’a enseigné Rabbi Nachman fils d’Isaac. Il est écrit : Tu aimeras l’Éternel ton Dieu, cela veut dire : Fais que le nom de Dieu soit aimé par suite de ta façon d’agir et de celle de te conduire[1]. » Peut-on, d’une manière plus attrayante, appeler l’attention sur le délicat et impérieux devoir de la solidarité des hommes entre eux ? La cause de Dieu même est liée à l’accomplissement de ce beau devoir. « Aimer Dieu… aimer le prochain[2] », vous trouvez constamment cette formule dans le Judaïsme, tant il est convaincu que le principe d’amour ou de charité est sinon le seul, du moins un des fondements les plus essentiels de la société humaine sur la terre[3].

Nous concluons donc en nous résumant : Qu’est-ce qui manque au Judaïsme ? Sa théodicée est aussi complète que l’est sa morale, et sa morale possède toute la pureté de sa théodicée. L’Unité et la spiritualité de Dieu, il a été le premier à les enseigner dans ce qu’elles ont de simple, de clair et de net. Aucun nuage ne s’interpose sur ces points entre lui et la vérité. Le Mahométisme à cet égard a été d’une entière fidélité. Dans les deux religions, Dieu est donné et comme un être spirituel ne souffrant, à ses côtés, ni image ni représentation d’aucune sorte, et comme un Dieu-un n’admettant aucune combinaison de composition ou de division quant à sa personne. Nous ne pouvons en dire autant du Christianisme. Non que nous lui reprochions d’avoir faussé absolument les principes juifs sur la spiritualité et l’Unité de Dieu ; mais on ne peut nier qu’il y a mêlé des élé-

  1. Talmud, traité Iomah, page 86.
  2. Traité des principes, chap. II.
  3. Le Midrasch Ialkout, paragraphe 40, rapporte : Le célèbre docteur Akiba enseigna un jour ceci en présence de son collègue Ben-Azaï : « le verset aime ton prochain comme toi-même » est vraiment un grand principe dans la Loi. Je vais t’en citer un plus grand, répond Ben-Azaï, c’est celui contenu dans le premier verset du troisième chapitre de la Genèse, ainsi conçu : « Voici le livre de la généalogie d’Adam. On proclame là l’Unité d’origine des hommes et leur parfaite égalité native. Voir aussi Talmud, traité Sanhédrin, page 38.