Page:Simon Levy - Moïse, Jésus et Mahomet, Maisonneuve, 1887.djvu/463

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Même le grand principe d’un Dieu juste et rémunérateur n’a trouvé accès dans les religions chrétienne et mahométane qu’à la faveur d’une inconséquence. En l’absence du libre arbitre, que parle-t-on encore de récompenses et de punitions ?…

Mais n’insistons pas. Félicitons-nous, au contraire, d’avoir vu les deux nouvelles religions se rattacher aux enseignements de leur commune Mère, dans ce que celle-ci apprend de l’immortalité de l’âme et de la permanence du moi dans la vie future. Plût au ciel qu’elles ne fussent pas allées plus loin qu’elle, et qu’elles n’eussent pas parlé de cette déplorable théorie de l’éternité des peines, triste héritage de la mythologie païenne où des coupables sont présentés comme se consumant, sans fin, dans les tourments affreux d’un éternel supplice !

Mais tel a été le sort des deux filles que, pour les convaincre un jour elles-mêmes de leur mission purement transitoire, Dieu les a laissées glaner dans des champs et sur des terrains impurs. Il a permis cela dans sa sagesse, afin que tout d’abord elles pussent amener vers la Bible les peuples auxquels elles offraient ainsi une nourriture moitié sacrée, moitié profane, et, cette mission une fois terminée, qu’elles pussent se persuader que l’avenir ne leur appartiendrait pas, que cet avenir serait au Judaïsme en qui tout a été et est resté pur, en qui tout a été et est demeuré béni. Sur Dieu, sur la société, sur l’humanité et jusque sur les animaux qui ont le sentiment sans avoir la raison et la liberté, le Judaïsme a des vues saines. Du monde futur, il enseigne qu’il existe sans chercher à préciser ce qui s’y passe. L’immortalité de l’âme, il l’affirme et en étend la vérité sur tout ce qui porte en soi l’image du souverain Créateur. Les félicités de l’autre vie, il les tient en réserve pour tous les justes indistinctement. Quant au bonheur de la vie présente, il y convie, sans acception de castes ni de classes, tous les habitants