Page:Simon Levy - Moïse, Jésus et Mahomet, Maisonneuve, 1887.djvu/47

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présentées dans un si brillant langage, pour mieux convaincre de la spiritualité de Dieu ? Et lorsqu’on voit, un instant après, le grand législateur condenser toutes ces admirables pensées pour les présenter de nouveau dans le deuxième des dix commandements, ne demeure-t-on pas convaincu qu’il avait parfaitement compris que le point vulnérable par où s’était introduit, chez les Hébreux, le poison de l’idolâtrie, était précisément l’erreur dans laquelle ils s’étaient jusqu’alors constamment trouvés sur la nature de Dieu au point de vue de son essence spirituelle et incorporelle ? Aussi n’est-ce qu’après qu’il croit les avoir convaincus de l’absurdité de cette erreur, qu’il leur livre la célèbre formule de l’Unité de Dieu devenue plus tard, pour Israël, le mot de ralliement et une suprême consolation dans les moments critiques de sa vic nationale ou religieuse. « Écoute, Israël, l’Éternel est notre Dieu, l’Éternel est un. »

C’est la dernière apostrophe, la péroraison et comme la résultante de l’émouvant discours qu’il vient d’adresser à son peuple en lui rappelant le grand fait de la révélation sinaïque[1].

Laissez maintenant l’idée de l’immatérialité de Dieu prendre racine au cœur du peuple hébreu, laissez-la se développer, mûrir, et vous verrez venir peu à peu se grouper autour d’elle, toutes les notions dignes du sublime sujet auquel elles se rapportent, et dont elles forment comme le naturel produit. Voici d’abord la notion de l’Unité ; celle-là, Moïse a soin de la formuler lui-même dans la phrase si simple et si expressive que nous venons de rappeler ; c’est ensuite celle de l’Invisibilité, et à cette notion encore, le divin législateur veut imprimer le sceau de sa parole autorisée, en racontant aux Hébreux comment Dieu s’est déclaré invisible pour lui, Moïse, comme pour tout homme

  1. Deut., chap. V.