qui vit sur la terre[1] ; c’est enfin celle de la perfection infinie du Créateur dont les prophètes se sont emparés, et qu’ils ont célébrée dans des termes dont l’élévation et l’élégance n’ont pas encore été, je ne dis pas dépassées, mais même égalées. Dire que Dieu n’est pas corporel, n’est-ce pas dire qu’il n’a rien de commun avec la matière, qu’il est indépendant d’elle ; que, par conséquent, ce n’est pas d’elle qu’il tient l’existence ; qu’au contraire, elle tient l’existence de lui ; que, subsistant par lui-même, il est éternel dans le passé, éternel dans l’avenir ; que, comme tel, rien dans le monde ne lui ressemble et que, par suite, rien ne saurait l’y représenter à nos yeux ? Et la sainteté de Dieu, et sa suprême sagesse, et son omniscience, ne se trouvent-elles pas également affirmées par la vérité de son immatérialité ? Si Dieu est en dehors et au-dessus du monde visible ; s’il le domine de toute la puissance que notre raison se plaît à accorder à l’esprit sur la matière ; si c’est de lui que l’univers tient cette organisation merveilleuse qui fera, jusqu’à la consommation des siècles, l’admiration de tous les hommes, ne faut-il pas attribuer à ce suprême Créateur toute la sagesse, toute la science, toutes les perfections imaginables ?
Avouons donc que le principe de l’immatérialité de Dieu est le véritable fondement sur lequel repose toute la métaphysique du Judaïsme ; que c’est pour cela que la Bible aime à s’étendre sur ce principe plus qu’elle ne le fait sur tous les autres, et que c’est encore à cause de sa grande importance, qu’elle lui donne, si je puis ainsi parler, pour corollaire, le précieux dogme de l’Unité de Dieu.
C’est bien également de cette façon que Maïmonide comprend ce principe, quand il dit dans son Guide des égarés : « S’agit-il
- ↑ Exode, chap. XXXIII.