sein du Christianisme dépare, sans contredit, son enseignement autrement très pur de l’immatérialité de Dieu.
Le Judaïsme, lui, avec les précautions minutieuses que nous venons de lui voir prendre pour écarter de Dieu toute apparence de corporéité, a su conserver toujours intacte et exempte de tout mélange, sa belle croyance à l’immatérialité du Créateur. Et il a veillé sur elle avec d’autant plus d’amour qu’il a vu insensiblement les deux religions issues de lui s’y rallier comme autour d’un drapeau. Chrétiens et musulmans ont fini par la professer et en ont répandu la connaissance dans le monde.
Pourtant nous devons à la vérité de dire que le Christianisme a laissé planer une ombre sur cette croyance par sa doctrine de la Mémra hypostasiée, ou du Verbe incarné qui, fatalement, devait le conduire au dogme de la Trinité. Et ce dogme, on le comprend du reste, n’est plus et ne saura jamais être l’Unité de Dieu si sublime dans sa simplicité, telle que la Bible la connait et l’enseigne. Il était même à craindre que par la connexité où se trouvent les deux vérités de l’Unité et de l’Immatérialité de Dieu, une fausse idée, imprudemment gardée sur la première, ne vînt à compromettre la seconde. Effectivement il y eut dans l’histoire un moment où le culte des images, alors qu’il avait sérieusement tenté de se substituer dans le catholicisme à l’adoration en esprit, justifia presque cette crainte[1]. Heureusement qu’il s’y est toujours trouvé des hommes, et jusqu’à des sectes, qui ont su lutter contre une aussi funeste tendance. Après les Iconoclastes, les Vaudois, puis les Albigeois, les Hussites, et enfin Luther et Calvin ont successivement remis en honneur la défense si fortement sévère enfermée dans le deuxième des dix commandements.
- ↑ C’était l’époque des Iconoclastes en 485 de l’ère chrétienne.