Page:Simon Levy - Moïse, Jésus et Mahomet, Maisonneuve, 1887.djvu/54

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Et, chose providentielle ! au siècle assurément le plus catholique[1], il s’est rencontré de savants évêques qui ont affermi à jamais, au sein de l’Église, les vraies notions sur l’Unité et l’Immatérialité de Dieu Ce sont Bossuet et Fénelon[2], deux chrétiens, on peut le dire, nourris du parfum de la Sainte Écriture. Quel monument de gloire ils ont élevé par là à la Bible ! Et admirez ici encore les voies de la Providence ! Voyez comme elle sait préparer le retour de ce qu’elle veut ramener tôt ou tard vers la loi du Sinaï ! Le Christianisme par Bossuet et Fénelon, n’a semblé tant s’attacher à l’exacte définition de l’Immatérialité de Dieu, ainsi qu’à l’étude et à la recherche de ses caractères particuliers, que parce qu’il lui était effectivement réservé de revenir par là au Judaïsme, duquel il s’est écarté par son mystérieux dogme de la Trinité, suite infaillible de l’Incarnation. Quand on sait exposer, comme le Christianisme l’a fait par la plume pleine de feu et de grâce de Bossuet et de Fénelon, la théorie si vraie d’un Dieu incorporel, invisible, souverainement simple et parfait, on arrivera un jour ou l’autre à reconnaître, même dogmatiquement, le Dieu un auquel, comme par avance, l’un de ces évêques attribue « une unité d’une autre nature que les autres et qui ne souffre d’addition en aucun genre[3]. »

Il ne saurait être question d’un semblable retour pour le Mahométisme qui, sous le rapport de l’unité et de l’immatérialité de Dieu, a, de tout temps, su conserver son entière ressemblance et sa plus étroite parenté avec la doctrine juive. Il y a même plus : Mahomet a à ecur d’emprunter jusqu’aux expressions de la Bible pour donner à son enseignement plus de

  1. Le siècle de Louis XIV.
  2. Bossuet, dans son Traité si substantiel de la connaissance de Dieu et de soi-même. Fénelon, dans son Traité si éloquent de l’Existence de Dieu.
  3. Fénelon, Traité de l’Existence de Dieu, chapitre de l'Unité.