Page:Simon Levy - Moïse, Jésus et Mahomet, Maisonneuve, 1887.djvu/59

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gnage et d’applaudir à la grandeur de conception avec laquelle Jésus et Mahomet ont envisagé Dieu sous son triple caractère de Dieu bon, juste et saint. Cet aveu nous coûte d’autant moins, qu’en exposant, comme nous allons l’essayer, leurs enseignements sur ce point, nous ne faisons que rendre hommage à la doctrine juive qui les leur a fournis sans exception.

Et tout de suite, qui pourrait ne pas admirer cette expression vive et énergique du sentiment de la bonté divine, sortie de la bouche de Jésus et rapportée, en ces termes, dans l’Évangile selon Mathieu : « Et voici quelqu’un s’approchant, lui dit : « Mon bon maître, que dois-je faire pour avoir la vie éternelle ? » Il lui répondit : Pourquoi m’appelles-tu bon ? Il n’y a qu’un seul bon, c’est Dieu[1]. » N’était-ce pas là proclamer que Dieu possède cette plénitude d’amour que ne saurait posséder aucun être en dehors de lui ? Il est seul bon ; personne ne sait aimer comme lui ; c’est un amour ineffable qui le pénètre, un amour qui lui fait embrasser, dans une seule et même affection, tous les êtres que sa puissance créatrice a répandus sur la surface du globe.

Ajoutons qu’en prêchant ce Dieu plein de bonté, Jésus n’a point voulu assurer le coupable de l’impunité de sa faute. L’amour de Dieu, en même temps qu’il est le principe générateur de la bonté divine, l’est également de la justice. Qu’est, à vrai dire, la justice de Dieu ? L’amour aimant l’ordre et l’harmonie, et obligé, en cette qualité, de punir les fauteurs de désordre. Aussi, partout dans les Évangiles, un Dieu juste est-il annoncé « Père juste, le monde ne t’a point connu, mais » moi je t’ai connu[2]. » « Heureux ceux qui ont faim et soif de

  1. Mathieu, chap. XIX, v. 16 et 17.
  2. Jean, Évangile, chap. XVII, v. 25.